Les mouvements citoyens au coeur de notre Assemblée Générale

6 février 2017

Moment fort de la vie de notre association, son Assemblée générale se réunit aujourd’hui, 6 février, en une période où les aspirations à un renouveau du débat public, des pratiques politiques et de notre démocratie ont rarement été aussi fortes. De partout se créent et émergent des mouvements citoyens qui prennent à bras le corps des questions importantes telles que l’insertion des personnes en difficulté, l’accompagnement concret des demandeurs d’emploi, l’environnement, l’accueil et l’insertion des migrants, la création d’activités, le développement d’initiatives culturelles. Des associations se créent qui cherchent à inventer de nouvelles façons de produire, d’échanger, de se loger (coopératives d’habitants, par ex). Bref notre société est bien en mouvement! Force est toutefois de constater que ces initiatives se heurtent à deux difficultés importantes: Leur isolement en premier lieu, cette difficulté que nous avons à créer du lien entre associations, entre territoires..mais aussi leur grande difficulté à être  entendues, écoutées, prises en compte  par les responsables des principales politiques publiques et en tout premier lieu par le nouvel exécutif de la Région qui n’a de cesse, ces derniers mois, de diminuer les moyens attendus par les porteurs de ces mouvements citoyens. De cela, mais aussi du développement de notre association, qui, à sa place, veut apporter sa pierre à ce renouveau démocratique dont nous avons urgemment besoin, nous débattrons lors de notre Assemblée Générale, de cela nous vous rendrons compte ultérieurement.

Paul Raveaud

Pour un accueil digne des migrants: lettre ouverte aux élus d’Auvergne Rhône-Alpes

26 octobre 2016

Le Réseau Démocratie et Politique (RDP) est une association citoyenne de la Région Auvergne Rhône - Alpes qui a pour objectif de concourir à une revitalisation du débat public et un renouveau de notre Démocratie, fondées sur des valeurs de justice, d’égalité, de fraternité et d’engagement citoyen. Interpellée par l’attitude du Président de la Région à l’égard des migrants, RDP a décidé de s’engager aux côtés de celles et ceux qui œuvrent quotidiennement pour un accueil digne et responsable  des migrants. A ce titre RDP vous invite à signer cette “adresse” à l’égard des élus de notre Région.

Mesdames, messieurs les maires :   dites non au refus d’humanité !

Le  président de la région Auvergne Rhône Alpes vous invite à entrer en résistance avec L’État, lorsque celui-ci vous sollicitera pour accueillir des réfugiés ; il vous propose même son soutien.  Qui est-il pour se permettre de telles transgressions avec les règles de droit et les valeurs de l’humanisme ? Sur quelles valeurs s’appuie-t-il ? A quel titre remet-il en cause les exigences de fraternité et de solidarité vis-à-vis des plus faibles, sans lesquelles il n’y a pas d’humanité ?  Jusqu’où ira-t-il ? Conditionnera t il  les aides  versées par la région à votre collaboration  avec l’ « anti humanisme » ? A-t-il conscience qu’il salit l’image de nos territoires ? La peur de l’autre, de l’étranger peut s’expliquer. Elle est archaïque, présente en chacun de nous. Il nous appartient ensemble de la faire reculer en expliquant la situation réelle des migrants, leur exode de pays en guerre. Certes, l’accueil de ces populations n’est pas simple, mais  n’est ce pas une obligation morale ?  Mesdames, messieurs les maires, appuyez vous sur vos collègues de droite comme de gauche qui ont mené avec réussite des actions d’accueil. Appuyez vous sur les associations qui maitrisent  l’art de l’accueil. Appuyez-vous sur les citoyennes et les citoyens de vos collectivités, prêts à se mobiliser. Envisagez cet accueil comme une chance pour ces familles en fuite mais aussi pour vos territoires. Mesdames et messieurs les maires  refusez cette invitation à entrer en résistance contre les valeurs de l’humanisme et de notre République et par là,  incitez le président de la Région à reconsidérer son attitude  dans cette période à forts enjeux politiciens.

Editorial : De beaux débats nous attendent à la rentrée….

12 juillet 2012

S’il nous a permis d’échanger sur les premières semaines de la mandature de F. Hollande ainsi que sur les initiatives et orientations du gouvernement de J.M.Ayrault - large satisfecit sur les orientations prises en matière de dialogue social, interrogations sur les orientations en matière de politique budgétaire - notre débat d’actualité du 10 juillet s’est cristallisé autour de trois questions susceptibles de donner lieu, à la rentrée, à autant de débats.

Première et difficile question : celle de la « croissance », de notre mode de développement. Parviendra t’on à réduire de façon significative le chômage, à créer de nouvelles richesses, à donner des « marges de manœuvre » à l’intervention publique en cherchant à « relancer la machine », à recréer de la « croissance », alors que celle-ci est en berne depuis des années ? N’avons-nous pas à écouter les économistes qui nous interpellent sur notre conception de la croissance et nous invitent à inventer un nouveau mode de développement, effectivement créateur de richesses et d’emplois tout en étant beaucoup plus soucieux de la planète, de ses ressources, de notre avenir ?

Seconde question : Celle des territoires, de leur avenir…  La nouveauté de la création d’un ministère de « l’égalité des territoires » a été soulignée et a donné lieu à un échange riche en questions : que signifie « égalité des territoires » ? De quoi parle-t-on ? Quelles perspectives cela ouvre t’il, que ce soit en termes d’orientation de développement (et d’autonomie relative des territoires, pour partie acteurs du développement), de rapports entre territoires, de modes d’organisation, de démocratie ? Quelles prises en compte des habitant-e-s de ces territoires ?

Troisième question : la situation au Proche-Orient. Un exposé synthétique et très clair de Maurice Chrétien sur l’histoire de la Syrie (depuis l’empire ottoman jusqu’à aujourd’hui) nous a permis d’appréhender la complexité de la situation actuelle, les imbrications régionales et internationales (rôle notamment de la Russie) et nous a donné envie d’aller plus loin, d’approfondir collectivement notre connaissances des situations et évolutions en cours au Proche et Moyen Orient…

D’autres préoccupations ont traversé nos échanges. J’en retiendrai une : celle de l’Europe, des rapports entre construction de l’Europe (fédérale ?) et souverainetés nationales, entre solidarité intra européenne (mutualisation des dettes, par exemples) et concurrence économique et fiscale (cf. Angleterre), entre une Europe du plus petit dénominateur commun possible et une Europe à la fois compétitive et coopérative…

Autant de questions autour desquelles nous pourrons organiser des rencontres, des conférences, des débats…

De tout cela nous parlerons à la rentrée !

Belles et heureuses vacances à chacune et chacun

Paul RAVEAUD

EDITORIAL / Election Présidentielle : La démocratie en question !

8 avril 2012

Le résultat de la prochaine élection présidentielle ne sera pas neutre quant aux réponses qui pourront être apportées aux questions majeures qui font actuellement débat : celles de l’éducation, de l’emploi, des conditions de vie (logement, pouvoir d’achat), celles des inégalités (femmes/hommes, sociales, culturelles, et territoriales), celles de la justice, des finances publiques, de la construction européenne (qu’il convient de réorienter profondément !)

Il ne sera pas neutre quant à la prise en compte des situations réelles d’une grande partie de la jeunesse, qui connait la précarité, et nous interpelle sur notre mode de développement, sur notre mode de partage des richesses, sur nos priorités, tout comme nous interpelle la crise écologique !

Mais il ne sera pas neutre non plus dans la prise en compte d’une question moins « médiatisée » que les précédentes, mais qui est cependant au cœur du renouveau, aussi nécessaire qu’urgent, de notre vie sociale : celle de notre démocratie.

Démocratie sociale, avec notamment la place et le rôle des organisations syndicales, ces corps intermédiaires qui semblent gêner le président sortant alors même qu’elle doivent être replacées au cœur des débats et des décisions importantes à prendre, décisions relatives au droit du travail (à reconstruire), aux politiques salariales (à redéfinir), à la question des retraites (à reprendre), à celle des conditions de travail, largement dégradées notamment dans le tertiaire sous l’effet de l’idéologie de la concurrence et de la productivité maximales !

Démocratie sociale encore, avec la place et le rôle devenues irremplaçables de myriades d’associations qui sans cesse, retissent les fils d’une société menacée de déchirements chaque jour plus graves sous les effets de la dislocation des liens sociaux traditionnels, des pauvretés multiples et d’abord socioculturelles, du racisme rampant, des formes multiples d’exclusion et de discrimination.

A cet égard, il y a urgence à mettre fin aux coupes budgétaires qui aujourd’hui asphyxient les associations d’entraide, d’insertion, de soutien aux populations les plus fragiles les plus isolées, tout comme il y urgence à un soutien fort à l’économie sociale et solidaire, à des modifications législatives permettant l’émergence d’un nouveau modèle de développement : ainsi par exemple dans le secteur du logement, pour promouvoir l’habitat coopératif, véritable alternative !

Démocratie politique, enfin ! Nul besoin ici de revenir sur la crise abyssale de la démocratie représentative dont nous risquons fort, hélas, de constater les dégâts dans le taux d’abstention attendu lors des toutes prochaines élections.

L’enjeu des 22 avril et 6 mai prochain, n’est pas seulement de changer de Président, même si du seul point de vue d’un fonctionnement « normal » des institutions, il y a effectivement urgence !

L’enjeu sera aussi de mettre en chantier un renouveau démocratique. Des mesures sont annoncées par celui qui sera, nous le souhaitons, le futur Président de la République, et notamment la limitation du cumul des mandats, ainsi qu’une nouvelle étape de décentralisation.

Cette nouvelle étape, peut être, si nous en avons la volonté, l’occasion de formuler des propositions novatrices qui concerneront aussi bien la démocratie représentative, avec par exemple une séparation, au niveau local, entre « exécutif » et « délibératif », que la « démocratie participative » avec par exemple la conception et la mise en place de modalités de coproduction des politiques publiques territoriales.

Depuis la « loi Vaillant » (2002), la démocratie participative a donné lieu à de nombreuses expérimentations, y compris au niveau régional, avec par exemple, la « politique de démocratie participative » expérimentée en Rhône-Alpes et qui a donné lieu à un exposé et un débat passionnant lors de notre rencontre du 21 mars dernier.

Une nouvelle étape est aujourd’hui à construire, pour que soit effectivement reconnu le droit pour TOUS les citoyens d’intervenir, tout au long de l’exercice d’un mandat, sur ce qui les concerne. Il faut en discuter les contenus, en élaborer les modalités, proposer, pourquoi pas, des expérimentations !

C’est aussi par ce chemin que nous contribuerons à reconstruire, oui reconstruire, le terme n’est pas trop fort, notre démocratie ! C’est aussi par ce chemin que nous contribuerons à redonner du sens à la citoyenneté.

RDP

L’ETAT-NATION PEUT-IL REPONDRE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION ?

2 décembre 2011

Lorsque que la crise financière a éclaté nombreux étaient les chefs d’Etat qui préconisaient l’établissement de règles en vue de la stabilité du marché mondial. Le discours qui avait été délégitimé semblait faire son retour. Après la chute du mur de Berlin et la victoire, dans les années 90, de l’idéologie néolibérale conservatrice, la foi dans l’autorégulation des marchés a gouverné le monde, ce qui, finalement, revient à dire que la politique n’avait plus sa place dans les décisions qui pourtant touchaient directement la vie de nos communautés. Toute intervention étatique dans la société civile était vue comme un obstacle à la concrétisation de la liberté de circulation des biens, réels et fictifs, et des personnes dans un marché que l’on voulait mondial. Or, la récente crise financière et l’actuelle crise économique semblaient non seulement mettre en échec ce discours, mais aussi faire appel à la nécessité d’intervention du pouvoir politique, le seul qui, grâce à sa nature démocratique, peut réellement œuvrer pour la justice sociale.

Néanmoins, ce que nous constatons avec les programmes d’aide aux pays les plus touchés par la crise, comme la Grèce ou encore le Portugal, c’est qu’une telle volonté de la part des pouvoirs publics de reprendre le pouvoir ne s’est pas concrétisée. Si l’on prend l’exemple du Portugal, nous nous rendons facilement compte que finalement les mesures prises pour combattre la crise s’inspirent de la même idéologie qui pourtant nous a conduit à la situation difficile dans laquelle l’Europe se trouve aujourd’hui. Les privatisations prévues dans des secteurs comme ceux de l’énergie, des transports ou encore de l’audiovisuel démontrent que la solution prise contre la crise, revient à diminuer le déjà peu de pouvoir que les Etats ont sur la société. Si l’on ajoute à cela l « inévitable » augmentation des impôts et la réduction des aides sociales, nous n’avons pas besoin d’être visionnaires pour prévoir qu’à la disparition de plus en plus importante de l’Etat en tant que pouvoir public se suivra une tension sociale qui sera d’autant plus forte qu’elle devient de plus en plus légitime.

C’est dans ce contexte que j’ai décidé, pour cette rentrée, de lire deux écrivains qui me semblent très pertinentes dans la discussion actuelle sur les rapports entre la politique et l’économie. Il s’agit de Jürgen Habermas avec son Après l’Etat-nation et de Jean-Marc Ferry avec La question de l’Etat européen. Les deux philosophes se trouvent dans la même logique : pour que le pouvoir politique s’affirme comme le seul pouvoir légitime sur nos sociétés, il faut qu’une structure politique à l’échelle continentale soit créée dans la mesure où la forme stato-nationale se trouve aujourd’hui complètement démunie pour faire face aux défis de la mondialisation.

Pour démontrer une telle idée, Habermas et Jean-Marc Ferry commencent par faire, respectivement, un résumé de l’évolution de l’Etat moderne et un diagnostic sur la situation contemporaine en Europe. En allant droit à l’idée qui me semble la plus pertinente dans le résumé de Habermas, nous pouvons affirmer que la réussite de l’Etat-nation se doit à la capacité que cette forme politique a eue à allier la liberté de la société civile (dont la liberté d’entreprise et la création d’un marché autonome de l’Etat) et l’intégration sociale. Cette alliance implique tout d’abord que l’Etat-nation, en tant qu’Etat de droit, reconnait les droits subjectifs et que donc les citoyens possèdent, dans le domaine juridique, une arme contre les abus du pouvoir étatique. L’intégration sociale, elle implique qu’une communauté est créée. Autrement dit, qu’un lien de solidarité est établi entre les individus qui se reconnaissent comme membres d’un même groupe que l’Etat auquel ils appartiennent représente.

Dans cette logique, Jean-Marc Ferry nous parle du rôle joué par l’école. C’est grâce à cette véritable institution qu’une communauté spirituelle, si l’on prend la formule d’Ernest Renan, a pu naître. Par l’école, les individus intègrent les valeurs de la nation que finalement ils vont représenter tout au long de leur vie en tant que parties d’un tout. Une telle prise de conscience de participation à une même communauté a été essentielle pour la transformation de nos pouvoirs étatiques en régimes démocratiques. L’école est donc une structure fondamentale pour la démocratie. Cette idée est facilement compréhensible quand nous pensons que le principe de la démocratie est le suivant : nous ne pouvons nous soumettre qu’aux lois auxquelles nous avons donné notre consentement. Ce pouvoir de dire « nous » dépend de l’intégration d’une conscience commune que l’Etat représente, la légitimité de celui-ci dépendant de la reconnaissance de la part des citoyens.

Or, après cette contextualisation de ce qu’est l’Etat-nation et du rôle joué par l’école non seulement dans la consolidation de cette forme politique, mais aussi dans l’évolution démocratique de nos régimes (nous pourrions encore parler de l’importance du service militaire ou encore des impôts dans la formation de la solidarité nationale) aussi bien Habermas que Jean-Marc Ferry font le diagnostic de notre situation contemporaine. Et sur ce point les deux philosophes sont très clairs : si l’Etat-nation n’est plus en mesure d’assurer sa fonction (l’accord entre la liberté individuelle et l’appartenance à une communauté) c’est parce que l’idéologie néolibérale conservatrice a vidé de sa substance la forme stato-nationale. Sur ce point nous pouvons souligner plusieurs aspects :

Avec la mondialisation et la multiplication de réseaux d’interdépendance, les frontières nationales, qui marquaient les limites d’un pouvoir juridique s’exerçant de manière exclusive sur un territoire, n’ont plus de sens. Alors que l’Etat-nation a évolué dans le sens de l’intervention dans le marché national pour que précisément celui-ci ne mette pas en cause l’intégration sociale – cela à l’abri d’un droit protégeant les libertés individuelles – l’idéologie néolibérale conservatrice exige que celui-ci reste à l’écart de la société civile : l’Etat-nation en tant qu’Etat territorial n’existe plus dans la mesure où seule le marché mondial détient le pouvoir de dicter les règles (l’importance des agences de rating pour les économies nationales en est un bon exemple) ;

Dans la mesure où toute intervention étatique est vue comme un obstacle à la liberté individuelle, les Etats occidentaux se désengagent de la société civile. Ce désengagement est d’autant plus important qu’il implique, selon Habermas, l’affaiblissement de l’Etat-nation en tant qu’Etat fiscal. Pour que l’économie nationale soit compétitive, les Etats se voient forcés de diminuer les charges appliquées aux entreprises. Nous nous trouvons là dans un cercle vicieux. Un Etat veut que son économie soit compétitive et pour ce faire il diminue les ressources lui permettant précisément s’agir en tant que agent médiateur entre l’individu et la communauté : là se trouve toute la perversité du système néolibérale conservateur ;

Et cette perversité est d’autant plus importante qu’elle ne met pas seulement en cause le pouvoir d’intervention de l’Etat. En ce faisant, elle met en cause la démocratie elle-même. A partir du moment où l’Etat n’est plus capable de faire le lien entre l’individu et la collectivité, c’est l’existence même de la nation en tant que communauté spirituelle et communauté d’intérêts qui est mise en cause. La société s’atomise au point qu’elle n’existe plus en tant que société, étant composée d’individus qui ne partagent plus le sens du commun. Bref, c’est la délégitimation de l’Etat démocratique. Il n’est plus reconnu comme étant représentatif d’une communauté dans la mesure où cette communauté cesse d’exister. Le problème que le néolibéralisme pose à nos Etats n’est donc pas seulement économique. Il est, et je dirais surtout, démocratique dans la mesure où, en détruisant les liens de solidarité entre les individus, c’est la communauté politique elle-même qui disparaît.

Nous avons donc un Etat-nation qui n’existe plus ni en tant qu’Etat territorial, ni en tant qu’Etat fiscal (sauf si, bien sûr, on décide de surimposer les travailleurs), ni en tant qu’Etat démocratique. Les Etats-nations sont ainsi devenus des Etats fantômes, sauf, selon Jean-Marc Ferry, dans un domaine : celui de la sécurité. N’ayant plus le pouvoir exclusif d’intervenir sur leurs territoires et ayant des difficultés à se faire reconnaître comme pouvoir représentatif de leurs populations, les Etats-nations compensent leur faiblesse par une vision sécuritaire de la société. L’Etat est présent de nos jours en tant que force de l’ordre chargée de maintenir la paix dans des sociétés de plus en plus tendues à cause de l’injustice sociale provoquée par le néolibéralisme. Un bon exemple est celui du Portugal où à l’application du plan de rigueur s’est ajoutée une loi approuvée par la majorité de droite interdisant aux forces de sécurité de manifester (auparavant la grève leur était interdite, mais la manifestation était permise). La lecture de cette situation est très claire : au moment précis où l’Etat portugais privatise ses richesses et qu’il compense cette perte de ressources par l’augmentation des impôts et la diminution des aides sociales, il informe les membres des forces de sécurité que toute « déviation » sera punie. Les forces de sécurité doivent être à 100% engagées dans leurs fonctions, dans la mesure où, bien sûr, les gens risquent de transformer leur détresse en colère.

Face à ce contexte difficile, plusieurs réactions ont lieu. Tout d’abord il y a ceux, comme l’actuel Premier-Ministre portugais, qui ne veulent rien savoir de la justice sociale et du pouvoir politique comme, selon Habermas, seul pouvoir légitime dans la mesure où il s’agit du seul pouvoir qui peut être démocratique. Ceci parce que non seulement il applique les plans de rigueur sans aucun débat, mais aussi et surtout il affiche avec fierté l’idée que son programme va encore plus loin que ceux de l’aide internationale. C’est finalement l’idéologie néolibérale qui est au pouvoir.

A ce moment là, vous, qui lisez ce texte, vous vous demandez pourquoi la population à voté pour la droite au Portugal dans les récentes élections. Nous pourrions mettre en évidence plusieurs raisons, mais je vais me limiter à vous en présenter deux. Nous faisons partie d’une société néolibérale et en tant que telle ce n’est pas un changement d’idéologie que les gens demandent. Malheureusement, si les gens protestent ce n’est pas parce que le système mondial doit changer, mais parce que les gens n’arrivent plus à consommer (ce qui veut dire à s’endetter). En ce sens, Daniel Cohn-Bendit a très bien résumé la situation en affirmant, récemment, que nous sommes en train d’assister dans nos sociétés contemporaines aux premières révolutions néolibérales.

La deuxième raison, c’est finalement l’attitude que le Parti Socialiste Portugais a pris, face à la perversité du néolibéralisme, lors qu’il a été au pouvoir. Ayant comme modèle la Troisième Voie préconisée par Tony Blair en Angleterre et par Schroeder en Allemagne, José Socrates s’est mis du côté de ceux qui voient dans la mondialisation une fatalité, l’Etat justifiant alors son existence pour seulement compenser les conséquences négatives du néolibéralisme. En prenant une telle attitude, la logique qui gouverne actuellement nos sociétés occidentales ne change pas, ce qui implique que le cercle vicieux dans lequel les Etats se trouvent demeure le même, conduisant inévitablement le pouvoir étatique à une plus grande faiblesse. Non seulement le Parti Socialiste ne propose pas un nouveau projet de civilisation, mais également il perd de la crédibilité aux yeux mêmes de ceux qui sont susceptibles de voter pour lui.

Face à un contexte où finalement nous commençons à sentir les perversités du néolibéralisme et à la disparition du pouvoir politique, un nouveau projet doit donc être proposé. Nous sommes dans une époque où les prémices d’un véritable combat idéologique sont mises en place : soit nous acceptons un néolibéralisme qui vide nos communautés politiques de leur substance, soit nous prenons une attitude passéiste et misons nos forces sur un républicanisme nationaliste qui vit encore avec le fantôme de l’Etat-nation, soit alors nous nous engageons dans la construction d’un nouveau pouvoir politique qui puisse finalement faire face à la mondialisation. Ce nouveau pouvoir politique, cette affirmation du pouvoir politique en tant que seul pouvoir légitime (je me répète, mais sur cette idée que le nouveau projet politique doit être construit) face non plus au pouvoir moral de l’Eglise comme pendant la modernité, mais face à la mondialisation, seule l’Union Européenne, à mon avis, pourra le représenter.

Ayant parfaitement conscience que la question de l’Europe sera marginale pendant la prochaine campagne électorale (du moins, ce ne sera pas le sujet le plus médiatisé), j’ai la conviction profonde que c’est sur le terrain européen que le dépassement de la crise se joue. Et en ce sens le Parti Socialiste français doit présenter un projet qui finalement revienne aux sources du projet européen : autrement dit un projet visant une union politique sous la forme du fédéralisme, la seule capable de préserver les diversités nationales à l’intérieur d’une entité politique. Plus de cinquante ans se sont passés depuis la formation des premières Communautés Européennes et pourtant l’Union Européenne demeure cet « objet politique non identifié » dont nous a parlé Jacques Delors. Ceci parce que pendant ces cinquante ans l’idéologie néolibérale a réduit la construction européenne à un grand marché, alors que pour les fondateurs de l’Union Européenne comme Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenaeur ou encore Altiero Spînelli l’économie n’était qu’un moyen pour approcher les peuples en vue de l’unité politique future.

En ce sens, je ne peux qu’être en désaccord avec Michel Rocard quand, le 9 mai 2011, le jour de l’Europe, il intervient à l’Université Jean Moulin Lyon 2 pour affirmer que l’Union Européenne est morte. C’est vrai qu’en ce moment elle a beaucoup de difficultés à respirer, mais c’est précisément dans ces moments là qu’un nouveau souffle devient essentiel. Et ce nouveau souffle exige seulement que l’Union Européenne revienne à elle-même, à ce qui a motivé son origine et qu’elle a proposé comme finalité, comme communauté de destin aux Européens. Michel Foucault avait qualifié la postmodernité comme l’époque de la fin des grandes narrations et, en effet, le scientisme, la technocratisation et l’individualisme de la société occidentale ont eu comme conséquence principale une exigence d’efficacité immédiate dans tout ce que nous faisons, reléguant à un plan secondaire et inconséquente toute histoire donnant du sens à notre vie en communauté. Les réformes au niveau de l’éducation en sont un très bon exemple, les Universités devenant de plus en plus des usines de fabrication de la main d’œuvre pour le marché mondialisé, alors que l’éducation, avant d’être un moyen pour préparer les individus pour le travail, préparait les individus à devenir des membres intégrés, éclairés et critiques d’une communauté. La crise actuelle des sciences humaines n’est qu’une conséquence de cette soumission de nos systèmes éducatifs aux lois divines du marché.

C’est donc maintenant que l’engagement pour la construction européenne fait plus de sens. Nous avons besoin d’une Union Européenne forte et pour cela nous avons besoin d’un Parti Socialiste français, le pays qui a pris l’initiative de ce grand projet après les deux catastrophes qui ont touché notre continent, plaçant l’Union Européenne au centre de son projet. Autrement dit, nous avons besoin d’un Parti Socialiste français qui ne tombe pas dans les erreurs d’autres socialistes européens : un Parti Socialiste faisant de la Grande Politique !

David DUARTE

Lyon, le 2 septembre 2011

Quelques éléments pour comprendre la crise actuelle de l’Euro : un texte de Jean-Marie Albertini

21 novembre 2011

Ce qui frappe dans la crise actuelle de l’euro, c’est d’abord la réticence des banques à participer d’une manière ample à l’épurement des dettes souveraines et plus généralement à l’assainissement du système financier mondial.

D’autre part, l’Allemagne et la France semblent certes unies pour résoudre la crise grecque. Mais ce n’est qu’une façade. En réalité les solutions bâtardes auxquelles on a, pour l’instant, abouti, s’enracinent dans des histoires bancaires et financières bien différentes et dans une construction européenne qui n’est pas allée jusqu’au bout de sa logique.

1. La crise de 2008 n’a pas véritablement apuré les errements financiers d’avant 2008.

Non seulement les banques ont toujours dans leurs avoirs officiels des emprunts toxiques mais un « système bancaire de l’ombre » s’est constitué. Il permet d’échapper aux mesures prises pour interdire les dérapages de la spéculation tant dans l’Union Européenne, qu’en Grande- Bretagne et qu’aux Etats-Unis. En trois ans, les banques ont déplacé une partie croissante de leur activité spéculative hors bilan dans ce qui est maintenant convenu d’appeler la banque de l’ombre. La Banque fédérale de New-York estime à 16000 milliards de dollars ces actifs hors bilan contre seulement 13000 milliards de dollars pour les actifs officiels. En ayant émigré hors du périmètre contrôlable, les risques sont camouflés. Parallèlement les responsables des contrôles sont dépassés par la capacité des banques à créer des produits toujours plus sophistiqués et à déplacer automatiquement d’énormes masses d’argent, le « tradit à haute fréquence ». Pour éviter les risques, il faudrait, selon de nombreux experts, une recapitalisation des banques (c’est-à-dire un rapport entres les fonds propres et les engagements) quatre fois plus élevée que son niveau actuel. On comprend la réticence du lobby bancaire à tout véritable assainissement et sa résistance à la prise en charge de la dette grecque. Il n’a aucune envie de devoir dévoiler leurs activités de l’ombre qui demeurent bien à l’abri dans des centres « off shore ». Or, on ne pourra épurer les dettes souveraines, celles des Etats, que si l’on y fait contribuer la finance grise de la banque de l’ombre. Ce serait d’autant plus normal qu’une grande partie des déficits publics sont dus au renflouement du système bancaire. Par ailleurs la situation actuelle rend toute taxation des mouvements financiers (la taxe Tobin) inefficace ; elle ne provoquerait qu’un nouveau déplacement des capitaux vers la banque de l’ombre.

2. Des histoires bancaires et monétaires allemande et française différentes

a)En France, au début du XIXème siècle, il existait deux types de banque. Les premières, souvent locales, sont principalement au service du négoce ; elles escomptent des effets de commerce et facilitent les transferts. Les secondes gèrent et placent leur fortune et celles de richissimes clients qui leur en ont confié la gestion. Elles constituent la “Haute Banque”. Ni les unes ni les autres ne sont prêtes à prendre des risques dans la création des entreprises industrielles et dans des innovations qui n’ont pas encore totalement fait leur preuve.

En 1852, les frères Peirere vont tenter d’augmenter la capacité d’investissements dans l’industrie en créant une banque sous la forme d’une société anonyme, le Crédit Mobilier qui accueille indifféremment des dépôts à vue et l’épargne à court et plus long terme pour les investir dans les chemins de fer et l’industrie. En quinze ans, ils apportèrent plus de quatre milliards de francs-or de l’époque à l’industrie. Lors de l’annexion de la Savoie et de la haute Savoie, ils vont même tenter de s’approprier la banque d’émission qui s’y trouvait mais la Banque de France défendit son privilège. Les frères Peirere ne purent mener à bien leur projet d’une banque totalement universelle qui aurait mis leur banque à l’abri d’une mauvaise passe. Elle se produisit en 1866 ; la baisse de la Bourse les oblige à vendre à perte une partie de leurs avoirs. Ce fut la panique chez les déposants et les épargnants et, en 1867, le Crédit mobilier fut mis en faillite. La Société Générale, fondée en 1864, tenta de renouveler l’expérience; elle aussi y renonça en 1882 pour éviter la liquidation.

La spécialisation bancaire française fut, en 1863, une des idées forces du fondateur du Crédit lyonnais, Henri Germain. Désirant attirer tous ceux qui ont besoin de garder de l’argent immédiatement disponible, dans leur banque de dépôts seul le financement du crédit à court terme leur était possible. En posant le principe de la spécialisation bancaire, il s’opposait à la pratique des frères Pereire. Les thèses d’Henri Germain triomphèrent. À côté des banques de dépôts, des banques continuèrent à faire des affaires. Apparurent alors les banques d’affaires constituées sous forme de société anonyme, telles la Banque de Paris et des Pays-Bas ou encore la Banque de Suez. Pour investir à long terme, elles se servaient de leurs propres capitaux ou de ceux qui leur avaient été confiés à long terme. Cette distinction entre banques d’affaires demeura longtemps une pratique et non une réglementation. C’est la loi corporative de Vichy reprise dans le statut des banques de 1945 qui consacra la distinction.

Parallèlement à la spécialisation, la France va progressivement cloisonner ses circuits financiers.

Pendant longtemps, et surtout depuis 1945, les Français ont eu une prédilection pour l’épargne, plus rassurante, déposée à vue. Leur épargne était essentiellement une attente de dépenses et le demeure encore en grande partie. Cette situation a incité les pouvoirs publics à favoriser la transformation sous certaines conditions. C’est-à-dire le placement à moyen et long terme de l’épargne à vue la plus stable. C’est à la fois une situation dangereuse et onéreuse car elle peut poser des problèmes de refinancement aux institutions qui la pratiquent. Pour permettre le financement de secteurs jugés prioritaires, particulièrement le bâtiment, les équipements collectifs ou encore l’agriculture, on a grâce à des privilèges, dans les années 1950 et 1960, accentué les tendances au cloisonnement qui s’étaient développées entre les deux guerres mondiales.

Au centre de la transformation à la française, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a joué un rôle essentiel. Créée en 1816 comme l’auxiliaire de la Caisse chargée d’amortir la dette des guerres napoléoniennes, elle reçut une partie du domaine forestier de l’Etat. Par la suite, elle s’est développée en recueillant les fonds que l’État désirait protéger : fonds appartenant à des mineurs et faisant l’objet de litiges, fonds des caisses d’épargne créées en 1837, puis certains fonds de retraite et d’organismes de Sécurité sociale. Elle a fini par gérer un total de fonds comparable au budget de l’État.

Longtemps, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) se contenta de gérer avec une grande prudence les fonds qui lui étaient confiés, d’aider le Trésor public dans ses fins de mois et de réinjecter une partie de ses fonds disponibles sur le marché monétaire. En 1952, François Bloch Lainé, ancien chef des scouts de France et ancien directeur du Trésor, est nommé Directeur Général. En quinze ans, il réveille la belle au bois dormant du système bancaire français et ses successeurs continueront sa politique. L’importance et la grande stabilité de ses fonds lui permettent d’en faire un des grands acteurs de la modernisation française de l’après-guerre. La CDC aide le financement des HLM, des collectivités locales, des autoroutes, elle crée des filiales spécialisées notamment dans l’immobilier, dans l’aménagement du territoire ou encore dans le tourisme populaire. Avec ses filiales, elle est à l’origine d’un grand nombre de sociétés d’économie mixte fondées avec la participation de collectivités locales, notamment pour la création de grandes stations de ski et l’aménagement de la côte languedocienne.

Un des autres grands acteurs de la transformation fut, à la même époque, le Crédit Agricole. Ayant obtenu le privilège de mettre en place un équivalent du livret A des caisses d’épargne « carnet vert », s’implantant tout autant dans les villes que dans les zones rurales, il disposera des fonds nécessaires à la modernisation de l’agriculture. L’abondance de ses disponibilités permettra aussi le développement des résidences secondaires.

b)A l’opposé de la France, c’est le modèle de la Banque Universelle des frères Pereire qui va s’imposer en Allemagne

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le retard des banques allemandes est encore plus grand que celui des banques françaises. Pour leur faire rattraper leur retard, les grandes entreprises, dont le Chancelier Bismarck favorise la concentration et l’association, créent des “communautés d’intérêts” entre Konzerns et réseaux bancaires. Banques et grands Konzerns s’y épaulent mutuellement. Les banques allemandes peuvent d’autant mieux mobiliser une partie des dépôts au profit de l’industrie qu’indirectement elles profitent d’une partie des fonds déposés dans les caisses d’épargne. Que ce soit en Allemagne ou en France, les clients des caisses d’épargne y placent leurs petites économies et ne les retirent qu’en cas de malheur. En Allemagne, elles ont un statut de banque universelle mais leur activité est très largement centrée sur les prêts personnels et aux collectivités locales auxquelles elles sont étroitement liées. En Allemagne, les fonds recueillis par les Caisses d’épargne ne sont pas, comme en France, centralisés dans un établissement public. Leur gestion est locale. Pour éviter les risques, elles placent une partie des fonds qui leur sont confiés sur le marché monétaire au travers d’une centrale de virement. Les départements d’Alsace Lorraine ont conservé en France l’organisation des Caisses d’épargne allemandes.

Bien entendu les banques universelles allemandes ont créé des filiales et il existe, comme en France, des institutions financières spécialisées dans le crédit hypothécaire, le financement de l’exportation ou encore aux PME…. Ni la spécialisation, ni l’universalité n’ont jamais été totales. Il n’en demeure pas moins que c’est la banque universelle qui domine l’organisation bancaire allemande alors que, comme en France, une spécialisation bancaire propre à la Grande-Bretagne prend corps dès le début du XIXème Siècle et est imposée dans les années 1930 aux Etats-Unis par le « new-deal » du Président Roosevelt.

L’autre grande différence avec le système bancaire français est la place de l’institution d’émission

Le plus souvent, les premiers instituts d’émission furent créés pour faciliter le financement des Etats. Puis progressivement ou dès leur création, ils vont devenir les organes de régulation du système bancaire. La Banque de France n’échappe pas à la règle. Elle reçoit le monopole de l’émission de la monnaie française mais son indépendance est très relative. Comme le dira le premier consul Bonaparte lors de sa création en 1800 : « je veux que la Banque de France soit indépendante…mais pas trop ».

L’histoire de l’institut d’émission allemand est bien différente. L’Allemagne a longtemps conservé un système monétaire hérité du Moyen Age. Comme en Suisse, des Etats, des principautés, des villes, des territoires battent chacun leur monnaie. Toutefois peu à peu une de ces monnaies est devenue dominante : le mark de Hambourg, le grand port du Nord. Lorsqu’en 1833 les Etats allemands décident de constituer une union douanière, le Zollverein, chaque Etat possède cependant son propre institut d’émission et l’anarchie des pièces de monnaie subsiste. En 1871, Bismarck fait élire dans la galerie des glaces de Versailles le roi de Prusse, empereur d’Allemagne. Il obtient que les 25 Etats qui constituent l’Empire allemand donnent au gouvernement central le droit de légiférer en matière monétaire. Le 4 décembre 1871, le Reichstag instaure le Mark et l’étalon or. La frappe de pièces de 5 et 10 marks est décidée, leur taux d’échange avec les anciennes monnaies est publié, leur démonétisation commence en 1873 et s’achève en 1907. Toutefois, d’anciens instituts d’émission subsistent. En 1875, une Banque centrale a bien été créée, la Reichsbank, mais elle doit partager le monopole de l’émission avec les Banques d’Etat de Bavière, de Saxe, du Wurtemberg et du Bade. Les Etats locaux veulent bien d’un pouvoir politique commun mais ne sont pas prêts à lui abandonner le pouvoir monétaire et la Reichsbank qui est au centre de ce réseau d’instituts d’émission est strictement indépendante du pouvoir politique central. En 1935, Hitler mettra fin à cette organisation et créera une Banque centrale sur le modèle français. En 1945, dans les zones d’occupation occidentale, avant qu’un pouvoir politique central apparaisse les autorités militaires, tout en instituant une nouvelle monnaie, vont progressivement créer des instituts d’émission des lands qu’ils occupent et qui seront par la suite rattachés à un institut d’émission central ; on parla à l’époque de « fédéralisme centralisé ». Cette organisation va subsister lorsque, l’Allemagne fédérale ayant retrouvé sa souveraineté, fut instituée en 1957 la Deutsche Bundesbank. Mais celle-ci garda son indépendance vis-à-vis de l’Etat fédéral et le souvenir de l’inflation galopante des années 1920 et de la fin du régime hitlérien, fit interdire toute création de monnaie au profit du pouvoir politique.

3. Une convergence insuffisante des systèmes bancaires et financiers

Sous la double pression du monétarisme libéral et des exigences de la construction européenne, le système bancaire français a connu trois types de modifications.

Le premier concerne le statut des banques. Un décret du 23 décembre 1966 a permis aux banques d’affaires de prendre des participations pouvant aller jusqu’à 20 % du capital des sociétés. Un autre décret, du 1er septembre 1967, les a autorisées à utiliser leurs disponibilités à des participations pour le montant total de leurs ressources, et non plus 75 %. Enfin et surtout la loi bancaire de 1984 a abandonné la distinction entre les banques d’affaires et les banques commerciales. Toutes banques qui le désirent, ou le peuvent, vont pouvoir faire des affaires. Le Crédit Lyonnais va en faire de très mauvaises aux Etats-Unis et cela coûtera fort cher aux contribuables. En 1992 et 1993, une restructuration du bilan est mise en place avec l’aide de l’État. Près de 135 milliards de francs de titres et de créances plus ou moins douteuses ont été transférés au sein d’une structure de cantonnement, baptisée Consortium de réalisation (C.D.R.); 80 % des actifs contenus dans le C.D.R. devront avoir été cédés dans un délai de cinq ans. Malgré ce plan de sauvetage, le Crédit lyonnais a encore accusé, en 1994, une perte nette de 12 milliards de francs. Devenu une filiale du Crédit Agricole, il ne gardera sa qualité de banque universelle que sur le territoire français. Après une tentative de nationalisation générale des banques par les gouvernements de gauche, le secteur bancaire va être dénationalisé par la droite et libéré de la tutelle de l’Etat. Les grandes banques françaises vont profiter de leur statut de banques universelles pour se lancer dans la spéculation, sans les freins que connaissent les banques universelles allemandes. Leur implantation mondiale héritée de la grande expansion coloniale européenne et les nouvelles technologies de communication facilitent leurs activités spéculatives. Elles prétendent créer de la valeur, en réalité cette création de valeur n’est qu’une bulle. La crise de 2008 les atteindra de plein fouet et l’Etat devra, comme dans tous les pays, les sauver de la faillite en empruntant sur les marchés internationaux les moyens nécessaires pour combler l’explosion de son déficit.

En effet, un deuxième type de modification avait eu lieu dans les années 1970. Il concerne des avances à l’Etat par la Banque de France. Désormais, comme dans pratiquement tous les pays à économie de marché, les Etats doivent couvrir leur endettement en faisant appel aux investisseurs internationaux. Sous le couvert d’une conception monétaire de l’inflation, un formidable marché est ouvert à ces investisseurs financiers.

Un troisième type de modification concerne les problèmes monétaires et du même coup, le rôle et le statut de la Banque de France. Les signataires du traité de Rome avaient conscience de la nécessité d’une coordination des politiques européennes. Toutefois, l’étroite relation entre la monnaie et la souveraineté nationale risquait de provoquer un rejet du traité. On remit le projet à plus tard.

En 1973, au moment où le coup de force du président Nixon impose le flottement, les pays de la Communauté Européenne tentent cependant de mettre en place un mécanisme pour pallier le flottement des monnaies : le Serpent dans le Tunnel. Il s’agit de faire flotter de concert les monnaies européennes (le serpent) entre une limite supérieure et inférieure de leur valeur par rapport au dollar (le tunnel). Un fonds (le Fonds de Coopération Monétaire dit FECOM) est créé. Chaque pays y dépose une partie des réserves de sa Banque Centrale. C’est un magnifique échec. L’obligation de lutter ensemble pour stabiliser une monnaie attaquée n’était pas suffisamment contraignante.

En 1979, le Système Monétaire Européen (SME) est créé. Son principe est identique à celui du serpent monétaire, mais chaque pays est obligé de défendre sa monnaie et les autres de l’aider. Les variations des monnaies sont calculées les unes par rapport à une monnaie de référence, l’ECU (European Currency Unit). Sa valeur est la moyenne de celle des monnaies européennes par rapport au dollar. Il s’agit d’une simple monnaie de compte. Le système fonctionne bien jusqu’au moment où, à partir de 1990, l’Allemagne, occupée à se réunifier, connaît des tensions inflationnistes et ne peut efficacement participer au soutien des monnaies du SME. Voyant la faille et espérant des profits substantiels, les spéculateurs internationaux attaquent. En 1992 et 1993, des monnaies européennes doivent être dévaluées et la livre sort du SME. Les pays, qui à l’exemple de la France et de l’Allemagne résistent, voient leurs prix devenir moins compétitifs. En juillet 1993, pour éviter de nouvelles attaques, la marge de fluctuation des monnaies européennes varie par rapport à l’ECU de + ou - 3 % à + ou moins 15 %. Il est ainsi plus difficile pour un spéculateur de déterminer quelle sera l’évolution d’une monnaie. On le décourage mais, en même temps, on laisse chaque pays fausser le jeu de la concurrence. Un écart de 30 % entre la valeur maximale et la valeur minimale d’une monnaie peut rendre caduque tous les efforts pour supprimer les obstacles réglementaires et commerciaux à la libre concurrence.

L’adoption d’une monnaie unique apparaît nécessaire. Ce sera l’objet du traité de Maastricht. Dès le 1er janvier 1999, le taux de change entre les monnaies ayant adopté l’euro est fixe et définitif. L’euro vaut définitivement 6,55957 francs, autrement dit le cours de l’écu du 31 décembre 1998. Le taux de change de l’euro vis-à-vis du dollar peut varier, pas les taux de change entre les monnaies de la zone euro. A partir du 1er janvier 2002, une même monnaie étant utilisée dans tous les pays, cette stabilité sera une évidence pour tous. Pour parvenir à ce résultat, il fallait prévenir les variations intempestives des taux de change. La solution la plus rapide aurait été la maîtrise de la spéculation internationale, une telle action qui aurait supposé un accord international. On a préféré la décourager en faisant préalablement converger les économies européennes mais cette convergence a été d’autant plus insuffisante qu’on a admis dans la zone Euro des pays qui n’auraient pas dû y être et que d’autre pays, notamment le Royaume Uni, ont refusé d’y entrer.

Quoi qu’il en soit pour gouverner la zone Euro, après avoir modifié le statut de la Banque de France sur le modèle allemand, indépendance totale de la Banque de France vis-à-vis du gouvernement, cette dernière est devenue la correspondante en France de la Banque centrale Européenne BCE. Malheureusement la BCE a pour fonction unique la défense de l’euro, elle y est parfaitement parvenue. Son indépendance n’a pas été complétée par l’apparition d’un véritable pouvoir politique assurant la gouvernance de l’économie. Ce qui était le cas de l’Allemagne. Pour sortir de la crise actuelle, il faut aller jusqu’au bout de la logique de la construction européenne, aller vers le fédéralisme et un pouvoir supranational. La construction européenne s’est arrêtée au milieu du gué, et nous le payons très cher.

Jean-Marie Albertini

Editorial du 6 novembre 2011 : La démocratie à la Une !

7 novembre 2011

La question de la démocratie envahit à nouveau la sphère publique et médiatique, phénomène révélateur de nombreuses questions :

Celles des conditions de son émergence, de sa consolidation, ou à contrario de son affaiblissement, de sa mise sous tutelle, voire de son rejet. Celles des formes de représentation des citoyens, des modalités d’exercice des pouvoirs, des finalités réelles de cet exercice et des capacités d’intervention des citoyens pour ce qui les concerne.

Ces questions sont posées par l’évolution de la « révolution du jasmin » en Tunisie, où les craintes sont réelles d’une confiscation par un parti ultraconservateur des espoirs nés de la révolte de la jeunesse tunisienne. Elles le sont également par le tout récent projet avorté de référendum en Grèce, qui au delà du contexte de crise politique interne à la Grèce, a mis crument en lumière l’énorme déficit démocratique qui caractérise aujourd’hui le fonctionnement des institutions européennes, alors même que les décisions prises récemment sont lourdes de conséquences !

Cette vaste question de la démocratie, de son contenu, des valeurs qu’elle porte, des conditions de sa mise en œuvre concrète est au cœur de la raison d’être et des échanges du Réseau Démocratie et Politique.

Conscients de l’étiolement de notre « vieille » démocratie, ou plus exactement de l’inadaptation croissante de ses modalités et pratiques au monde contemporain, et attentifs aux recherches de nouveaux modes d’expression démocratique, nous avons ces derniers mois engagé des échanges de qualité sur le thème des « outils de la démocratie ». Les questions suscitées par ces échanges nous ont conduit, lors de notre récente assemblée générale, à adopter un programme de rencontres qui devrait nous permettre d’élargir notre horizon, en nous intéressant au fonctionnement de la démocratie en d’autres pays et continents, mais aussi d’interroger les pratiques démocratiques à l’œuvre en des lieux et institutions qui nous concernent directement.

Ainsi nous porterons notre regard à l’extérieur en nous intéressant à la démocratie aux Etats Unis d’Amérique, en République Fédérale Allemande, ainsi qu’à l’évolution des formes de démocratie en certains pays d’Afrique.

Nous porterons aussi notre regard « à l’intérieur » en nous intéressant aux rapports entre démocratie et (nos) territoire(s). Pour cela nous prévoyons d’organiser une rencontre sur l’expérimentation de démocratie participative mise en œuvre par la Région Rhône Alpes, ainsi qu’une rencontre sur la construction, en cours, du « pôle métropolitain » et l’implication dans ce processus des conseils de développement des agglomérations concernées.

Beau programme en vérité, dont l’intérêt, la richesse, et souhaitons le, le bon usage, nous permettront de nous enrichir individuellement et collectivement et ainsi d’apporter notre contribution à une citoyenneté active

RDP

Editorial : Le temps des femmes

2 novembre 2011

Christine Lagarde nommée Directrice générale du FMI…..par un conseil d’administration exclusivement composé d’hommes, Eva Joly probable candidate écologiste à l’élection présidentielle, Martine Aubry candidate socialiste à cette même élection…le temps pour les femmes d’accéder à des responsabilités majeures serait il enfin venu ?
Certains en douteront, habitués que nous sommes à voir les postes de responsabilité, notamment en politique, occupés par des hommes. Jugez en : 4 femmes seulement  présidentes de départements (sur 102 ), 2 femmes présidentes de Région (sur 22), 7 femmes maires de villes de plus de 100 000 habitants (sur 40 !)…et lorsque les femmes sont en quasi parité avec les hommes, en nombre d’élu-e-s, cela ne provient pas du fait  que les partis politiques ou leurs militants auraient volontairement fait le choix de la parité, mais d’une stricte application de la loi votée, rappelons le, sous l’impulsion de la Gauche : c’est le cas pour les Régions où les femmes représentent 48 % des élu-e-s (mais pas 50, vous aurez remarqué !
Et que dire de l’Assemblée Nationale où les députées représentent moins de 20% des élu-e-s ?
Oui, Eva, Martine, Ségolène….s’attaquent à forte partie. Mais si cette fois était la bonne ? Si elles étaient, plus que nous le pensons,  en phase avec l’attente de notre société ?
Et si l’accession de l’une d’entre elles à la Présidence de la République constituait l’acte fondateur qui permettrait ensuite à des milliers de femmes de s’engouffrer dans la brèche, d’imposer la parité à toutes les élections, d’ébranler, de fissurer pour ensuite le détruire, ce « plafond de verre » qui protège jusqu’à ce jour, au delà de l’acceptable, des hommes trop heureux de se partager, entre eux, les responsabilités ?
Nous connaissons les réformes nécessaires qui contribueront à établir la parité : non cumul des mandats et durée limitée pour un même mandat, changement des pratiques d’exercice du pouvoir,…
Il est toutefois peu probable que ceux qui bénéficient du système actuel le mettent à mal.
Là aussi il faudra un acte fondateur. L’élection présidentielle peut en être le déclencheur. J’ai l’intime conviction que si une femme progressiste est choisie par nos concitoyens pour porter nos espérances et devient en mai 2012, la première Présidente de la République, il se produira une onde de choc qui ira bien au delà du seul « monde politique » et contribuera à faire bouger notre société toute entière.
Mais de cela, nous aurons le temps de débattre à la rentrée ! Bel et bon été à chacune et chacun .
Paul RAVEAUD
Cet éditorial est une contribution personnelle. Il n’engage pas RDP  et ne saurait être  compris comme un appel à voter pour tel ou telle candidat-e. Mais il peut-être l’occasion d’ouvrir un débat sur la parité, les pratiques de pouvoir…

Editorial du 2 juin 2011 : Interpellations !

1 novembre 2011

Lors d’un débat récent organisé par RDP, des parents d’élèves engagés dans un comité de soutien à une famille qui se bat depuis des années pour obtenir sa « régularisation » nous ont fait toucher du doigt la vie au quotidien de ceux que l’on dénomme des « sans papiers ».

Les craintes, permanentes, de l’interpellation, de l’arrestation et de la conduite en centre de rétention

Les files d’attente, interminables, et dans des conditions parfois insoutenables, au service d’accueil des étrangers pour un rendez vous hypothétique et le renvoi à de nouveaux rendez vous au motif qu’il manque telle ou telle pièce…

Les difficultés de logement, et celles plus grande encore, d’accès à un travail, avec cette contradiction ubuesque : pas de titre de séjour, donc pas de travail possible dans un cadre légal, …pas de travail, pas de régularisation possible !

Et, toujours, l’incertitude, la peur du lendemain, l’impossibilité de se construire, de se projeter un tant soit peu dans l’avenir

Est-ce cela l’accueil dans un Etat de Droit ? Doit-on, au motif que ces personnes ne connaissent pas encore la décision qui sera prise à leur égard (à leur encontre ?), accepter que les droits fondamentaux, liberté de se déplacer, de travailler, droit au logement, ne leur soient pas reconnus, doit on laisser bafouer ainsi la dignité humaine ?

Régulièrement et ce sera à n’en pas douter le cas en 2012, revient le débat sur la régularisation des personnes entrées « illégalement » sur le territoire.

Débats politiques, globaux, difficiles, certes nécessaires…mais qui font trop peu de cas des situations concrètes réelles, ici et maintenant, de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants, dont la situation de « parias » nous interpelle !

Est-ce si difficile d’appliquer tout simplement notre droit, d’accueillir toute personne avec dignité ? Est-il si difficile de fixer et de respecter des délais acceptables d’instruction des dossiers (de demande d’asile, de régularisation) ?

Est-il si difficile de trouver des modalités, éventuellement temporaires, d’accès au travail dans des conditions légalement reconnues ce qui éviterait le « nécessaire » recours au « travail illicite » ?

Oui, la situation concrète des « sans papiers » nous interpelle, interpelle notre démocratie, notre Etat de droit, le fonctionnement au quotidien de notre administration, de nos collectivités locales, de nos associations, de notre justice…Notre démocratie, notre Etat de droit, existent ils vraiment là où la dignité humaine est bafouée ?

RDP

Editorial du 1° avril 2011 : Un Pays et des citoyens en mal d’avenir

1 novembre 2011

Impuissance et discrédit ! Tels sont les mots qui viennent à l’esprit pour exprimer ce que signifient tout aussi bien le vote FN que l’abstention lors des élections cantonales des 20 et 27 mars derniers.

Un vote FN qui retrouve son niveau de 1998, une abstention qui n’a cessé, de scrutin en scrutin, de s’amplifier pour atteindre des niveaux impressionnants que ne peuvent expliquer à eux seuls la méconnaissance des conseils généraux, le mode de scrutin, ou la non pertinence de l’échelon cantonal en milieu urbain !

Nous sommes bien devant une affirmation massive, exprimée de façon provocatrice au regard de la vie démocratique traditionnelle par une majorité de nos concitoyens : l’action politique est perçue comme impuissante.

Impuissante pour répondre aux préoccupations quotidiennes : éducation, logement, emploi, revenus, tranquillité publique.

Impuissante pour répondre aux sentiments croissants d’inégalité, d’injustice et de profond abandon ressentis par de très nombreuses personnes dans une société dure à vivre pour beaucoup et surtout pour les « gens de peu »

Impuissante pour prendre à bras le corps les questions posées par la mondialisation et les bouleversements de tous ordres, notamment les bouleversements majeurs que connait aujourd’hui la planète, notre village !

Cette impuissance du politique, son incapacité à « dire » le sens des choses, à indiquer des chemins possibles, contribue à amplifier un mal profond, sournois, qui ronge notre société depuis de nombreuses années et alimente les peurs, les fantasmes, la xénophobie et toutes sortes de rejets: de l’autre, des jeunes, des changements multiples.

Notre société s’enferme, se replie sur elle-même, et comme pour se rassurer, se réfugie dans ce qui peut préserver un peu de vie et de paix sociale : le local, les réseaux d’affinité, les « communautés », au détriment des lieux et des instances où s’élabore et s’affirme le collectif, le sociétal, l’intergénérationnel, l’inter ou le multi culturel !

Notre société est en manque : en manque d’avenir! Sauf à laisser ce malaise s’amplifier, et nous en devinons les évolutions probables, à savoir une société de plus en plus « clivée », dure, insécurisante à tous points de vue, propice à des réponses de plus en plus autoritaires, sauf donc à le laisser s’installer, ce malaise appelle une réponse forte, une vraie réponse, politique.

Ce dont notre pays a besoin, c’est bien d’un réel projet, un projet politique et de société qui saura prendre en compte aussi bien les questions de la vie quotidienne que les grands bouleversements que nous vivons, un projet qui proposera de nouvelles perspectives pour l’Europe, fondées sur la coopération et non sur la seule concurrence, de nouvelles perspectives pour une mondialisation porteuse de réelles richesses, un projet porteur d’un nouveau mode de développement, écologique, économique et social.

Cette attente, exprimée paradoxalement par le vote FN et l’abstention, la gauche, toute la gauche, dans sa diversité et sa richesse, doit l’entendre. Il lui appartient, dans le cadre d’un dialogue à réinventer avec les citoyens, à construire et proposer un projet, politique au sens noble du terme, réellement porteur de sens ! Il y a, tout simplement, urgence !

Paul Raveaud, le 1er avril 2011